Les réseaux sociaux ont récemment fait circuler une annonce intrigante : un entrepreneur du Quintana Roo au Mexique prétend avoir trouvé une solution créative au problème mondial des sargasses. Ces algues brunes envahissantes touchent plus de 30 pays de la Caraïbe, créant une menace écologique majeure. Cet entrepreneur mexicain affirme avoir développé des sandales à partir de ces algues, offrant ainsi une opportunité de transformer cette catastrophe écologique en opportunité !
L'entreprise Mexicaine, aurait collaboré avec des laboratoires et des entreprises spécialisées pour créer un produit novateur. Après un an de développement en collaboration avec des partenaires influents, l'entrepreneur explique le processus de fabrication. Les sargasses fraîchement récoltées en mer sont lavées, séchées, puis réduites en poudre propre. Cette poudre est ensuite combinée avec un polymère, l'acétate d'éthyle et de vinyle (EVA), dans des laboratoires au Mexique. Après réduction en grains, la matière est moulée pour former des sandales, auxquelles est ajoutée une semelle intérieure en cuir synthétique à base de sargasses.
Cette initiative s'inscrit dans la tendance actuelle visant à recycler les sargasses en divers produits tels que des briques, du papier, et même des montures de lunettes. Le but est noble, cherchant à atténuer l'impact dévastateur de cette invasion, largement attribuée à la pollution humaine.
Cependant, avant de célébrer cette avancée, il est essentiel d'analyser attentivement l'annonce. L'EVA, utilisé dans la fabrication des sandales, est un plastique. De même, le cuir synthétique est un tissu enduit de plastique. Ces matériaux peuvent soulever des préoccupations quant à leur impact écologique réel.
Des recherches rapides révèlent que ces sandales sont potentiellement fabriquées en masse en Asie, plus précisément en Corée du Sud. Elles sont ensuite distribuées à travers le monde par les sites marchands asiatiques. Cela soulève des questions sur l'authenticité et l'aspect écologique de ces sandales. L’entreprise Mexicaine expédie-elle la poudre de sargasses à l'étranger pour être incorporée dans les sandales de plastique revendues au Mexique ?
La question de la colle utilisée pour fixer la semelle plastique sur les sandales reste également en suspens. L'entrepreneur annonce fièrement que les sandales ont reçu l'approbation pour être utilisées sur les plages certifiées de Playa del Carmen, suggérant qu'une autorisation spéciale pourrait être nécessaire pour l'utilisation de chaussures dans certaines régions.
Le prix de vente des sandales à base de sargasses, fixé à 777 pesos ou 40 USD, suscite également des interrogations. Avec des sites marchands asiatiques proposant des prix aussi bas que 3,62 USD, il est légitime de se demander si le coût élevé des sandales de plage mexicaines inclut le transport de la poudre de sargasses à l’autre bout de la planète.
Une question cruciale demeure : quel est le pourcentage réel de sargasses dans ces sandales ? Des informations indiquent que seulement 2% de sargasses sont intégrées dans la composition des sandales, mais on ne sait pas si cela concerne la semelle ou la sandale en elle-même.
En fin de compte, cette initiative, bien que présentée comme novatrice, soulève des préoccupations quant à son efficacité réelle pour atténuer l'impact des sargasses. La solution proposée pourrait potentiellement entraîner une invasion de pollution plastique, posant ainsi des questions cruciales sur l'impact environnemental et carbone réel de cette « invention » pour la Riviera Maya et éventuellement pour l’ensemble des pays impactés des Caraïbes, si elle était amenée à se développer.
Si, comme ce correspondant qui souhaite rester anonyme, vous souhaitez proposer un article sur les sargasses, n’hésitez pas à contacter Sargassum Monitoring ! !